Ernest Chausson — Chanson de Clown

Fuis, mon âme, fuis! Je meurs sous les traits De la plus cruelle des vierges Viens, ô mort! Qu'on m'étende à la lueur des cierges Dans un cercueil de noir cyprès Qu'on m'ensevelisse loin d'elle Dans le blême linceul couvert de branches d'if Qui, partageant mon sort, ami sûr mais tardif Du moins me restera fidèle Que pas une fleur, une pauvre fleur Sur ma tombe ne soit semée; Pour moi, que nul ami, que nulle voix aimée N'ait des paroles de douleur Que je sois seul avec mes peines Et laissez au désert blanchir mes ossements De peur que sur ma tombe, hélas! les vrais amants Ne versent trop de larmes vaines


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