Georges Bizet — Adieux de lhôtesse arabe

Puisque rien ne t'arrête en cet heureux pays Ni l'ombre du palmier, ni le jaune maïs Ni le repos, ni l'abondance Ni de voir à ta voix battre le jeune sein De nos sœurs, dont, les soirs, le tournoyant essaim Couronne un coteau de sa danse Adieu, beau voyageur, hélas. Oh! que n'es-tu de ceux Qui donnent pour limite à leurs pieds paresseux Leur toit de branches ou de toiles! Qui, rêveurs, sans en faire, écoutent les récits Et souhaitent, le soir, devant leur porte assis De s'en aller dans les étoiles! Si tu l'avais voulu, peut-être une de nous O jeune homme, eût aimé te servir à genoux Dans nos huttes toujours ouvertes; Elle eût fait, en berçant ton sommeil de ses chants Pour chasser de ton front les moucherons méchants Un éventail de feuilles vertes Si tu ne reviens pas, songe un peu quelquefois Aux filles du désert, sœurs à la douce voix Qui dansent pieds nus sur la dune; O beau jeune homme blanc, bel oiseau passager Souviens-toi, car peut-être, ô rapide étranger Ton souvenir reste à plus d'une!


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