Guillaume Apollinaire — Les sapins

Les sapins en bonnets pointus De longues robes revêtus     Comme des astrologues Saluent leurs frères abattus Les bateaux qui sur le Rhin voguent Dans les sept arts endoctrinés Par les vieux sapins leurs aînés     Qui sont de grands poètes Ils se savent prédestinés À briller plus que des planètes À briller doucement changés En étoiles et enneigés     Aux Noëls bienheureuses Fêtes des sapins ensongés Aux longues branches langoureuses Les sapins beaux musiciens Chantent des noëls anciens     Au vent des soirs d’automne Ou bien graves magiciens Incantent le ciel quand il tonne Des rangées de blancs chérubins Remplacent l’hiver les sapins     Et balancent leurs ailes L’été ce sont de grands rabbins Ou bien de vieilles demoiselles Sapins médecins divagants Ils vont offrant leurs bons onguents     Quand la montagne accouche De temps en temps sous l’ouragan Un vieux sapin geint et se couche


Other Guillaume Apollinaire songs:
all Guillaume Apollinaire songs all songs from 1913