Guillaume Apollinaire — Nos étoiles

La trompette sonne et résonne, Sonne l'extinction des feux. Mon pauvre cœur, je te le donne Pour un regard de tes beaux yeux. Et c’est l'heure, tout s'endort, J’écoute ronfler la caserne, Le vent qui souffle vient du Nord, La lune me sert de lanterne Un chien perdu crie à la mort. La nuit s'écoule, lente, lente, Les heures sonnent lentement Toi, que fais-tu, belle indolente Tandis que veille ton amant Qui soupire après son amante, Et je cherche au ciel constellé Où sont nos étoiles jumelles Mon destin au tien est mêlé Mais nos étoiles où sont-elles ? Ô ciel, mon joli champ de blé…. Hugo l'a dit célèbre image Booz et Ruth s'en vont là-haut Pas au plafond sur le passage Comme au roman de Balao Duquel je n'ai lu qu'une page Un coq lance « cocorico » Ensemble nos chevaux hennissent A Nice me répond l'Echo Tous les amours se réunissent Autour de mon petit Lou de Co L'inimaginable tendresse De ton regard parait aux cieux Mon lit ressemble à ta caresse Par la chaleur puisque tes yeux Au nom de Nice m’apparaissent La nuit s’écoule doucement Je vais enfin dormir tranquille Tes yeux qui veillent ton amant Sont-ce pas ma belle indocile Nos étoiles au firmament


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