Gustave Nadaud — Le Soldat de Marsala

Nous étions au nombre de mille Venus d'Italie et d'ailleurs Garibaldi, dans la Sicile Nous conduisait en tirailleurs J'étais un jour seul dans la plaine Quand je trouve en face de moi Un soldat, de 20 ans à peine Qui portait les couleurs du Roi Je vois son fusil se rabattre C'était son droit, j'arme le miens Il fait quatre pas, j'en fais quatre Il vise mal, je vise bien Ah ! Que maudite soit la guerre Qui fait faire de ces coups là Qu'on verse dans mon verre Du vin de Marsala Il fit demi tour sur lui-même Pourquoi diable m'a t-il raté ? Pauvre garçon il était blême Vers lui je me précipitait Oh ! Je ne chantais pas victoire Mais je lui demandais pardon Il avait soif, je le fis boire D'un trait il vida mon bidon Puis je l'appuyais contre un arbre Et j'essuyais son front glacé Son front sentait déjà le marbre S'il pouvait n'être que blessé Ah ! Que maudite soit la guerre Qui fait faire de ces coups là Qu'on verse dans mon verre Du vin de Marsala Je voulais panser sa blessure J'ouvris son uniforme blanc La balle, sans éclaboussure Avait passé du coeur au flanc Entre le drap et la chemise Je vis le portrait en couleurs D'une femme vieille et bien mise Qui souriait avec douceur Depuis, depuis j'ai vécu Dieu sait comme Mais tant que cela doit durer Je verrais mourir le jeune homme Et la bonne dame pleurer Ah ! Que maudite soit la guerre Qui fait faire de ces coups là Qu'on emporte mon verre C'était à Marsala Qu'on emporte mon verre C'était à Marsala

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