Paul Verlaine — Nevermore Nevermore

Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice, Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux ; Brûle un encens ranci sur tes autels d’or faux ; Sème de fleurs les bords béants du précipice ; Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice ! Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni ; Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides ; Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides : Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni ; Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni. Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches ! Car mon rêve impossible a pris corps, et je l’ai Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé Voyageur qui de l’Homme évite les approches. — Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches ! Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ; Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve : Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve, Et le remords est dans l’amour : telle est la loi. — Le Bonheur a marché côte à côte avec moi. Paul Verlaine, Poèmes Saturniens


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