Ernest Chausson — Le Chevalier malheur

Bon chevalier masqué qui chevauche en silence Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance Le sang de mon vieux cœur n'a fait qu’un jet vermeil Puis s'est évaporé sur les fleurs, au soleil L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche Et mon vieux cœur est mort dans un frisson farouche Alors le chevalier Malheur s’est approché Il a mis pied à terre et sa main m'a touché Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer Un cœur me renaissait, tout un cœur pur et fier Et voici que, fervent d'une candeur divine Tout un cœur jeune et bon battit dans ma poitrine ! Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu Comme un homme qui voit des visions de Dieu Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête En s'éloignant, me fit un signe de la tête Et me cria (j'entends encore cette voix) : « Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois


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