Hector Berlioz — Le spectre de la rose

Soulève ta paupière close Qu'effleure un songe virginal; Je suis le spectre d'une rose Que tu portais hier au bal Tu me pris, encore emperlée Des pleurs d'argent, de l'arrosoir Et parmi la fête étoilée Tu me promenas tout le soir O toi qui de ma mort fus cause Sans que tu puisses le chasser Toutes les nuits mon spectre rose A ton chevet viendra danser Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe ni De profundis: Ce léger parfum est mon âme Et j'arrive du paradis Mon destin fut digne d'envie: Et pour avoir un sort si beau Plus d'un aurait donné sa vie Car sur ton sein j'ai mon tombeau Et sur l'albâtre où je repose Un poëte avec un baiser Écrivit: Ci-git une rose Que tous les rois vont jalouser


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