Hector Berlioz — La mort dOphélie

Auprès d'un torrent, Ophélie Cueillait tout en suivant le bord Dans sa douce et tendre folie Des pervenches, des boutons d'or Des iris aux couleurs d'opale Et de ces fleurs d'un rose pâle Qu'on appelle des doigts de mort Puis élevant sur ses mains blanches Les riants trésors du matin Elle les suspendait aux branches Aux branches d'un saule voisin; Mais, trop faible, le rameau plie Se brisе, et la pauvre Ophélie Tombе, sa guirlande à la main Quelques instants, sa robe enflée La tint encor sur le courant Et comme une voile gonflée Elle flottait toujours, chantant Chantant quelque vieille ballade Chantant ainsi qu'une naïade Née au milieu de ce torrent Mais cette étrange mélodie Passa rapide comme un son; Par les flots la robe alourdie Bientôt dans l'abîme profond; Entraïna la pauvre insensée Laissant à peine commencée Sa mélodieuse chanson


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